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Nord-Ouest – Campagne agricole : De lourdes pertes pour les céréaliculteurs

Les chutes de grêle ont endommagé entre 10 et 20 mille ha dans le gouvernorat du Kef et 1.500 ha  à Jendouba provoquant, par ailleurs, d’énormes  dégâts à l’arboriculture et  sur certaines emblavures céréalières à Siliana. A cela s’ajoute l’inquiétude des structures  professionnelles  du secteur agricole qui craignent que le manque flagrant de main-d’œuvre n’affecte le bon déroulement de la campagne des moissons des grandes cultures qui s’annonce très prometteuse  partout dans le pays.

Annoncée sous les meilleurs auspices depuis plusieurs mois, la campagne des grandes cultures, quoique devant dégager un bilan positif cette saison, a été cependant émaillée par des chutes de grêle qui ont eu raison de grandes étendues d’emblavures céréalières dans les trois gouvernorats de Jendouba, Siliana  et surtout au Kef où l’Union régionale de l’agriculture de la pêche évoque d’énormes pertes sur des superficies allant de 10 à 20 mille ha  et situées dans les délégations du sud du gouvernorat, mais cela n’a pas pour autant  réduit l’euphorie d’une bonne campagne jamais réalisée depuis 2003, année de référence pour une campagne céréalière  faste dans cette région, mais aussi dans tout le pays.

Et pourtant les céréaliculteurs sinistrés continuent de faire contre mauvaise fortune bon cœur, en dépit des pertes qu’ils ont subies car, pour eux, l’année sera, partout, bonne et cela c’est l’essentiel  dans l’esprit tout agriculteur. Mais là où le bât blesse c’est  que l’on commence, d’ores et déjà, à évoquer  une pénurie de main-d’œuvre très sévère  qui risque de mettre à mal le bon déroulement de la campagne de moisson, en dépit du chômage qui prévaut dans ces régions, en ce que le travail dans le secteur agricole n’attire plus, malheureusement, les demandeurs d’emploi, qui préfèrent la fonction publique au secteur agricole, car cela représente pour eux une sécurité sociale».

Alors  «faut-il importer la main d’œuvre des pays d’Afrique australe ?» s’est même posé la question  le président de l’Utap du Kef, vendredi dernier, lors de la tenue de la session ordinaire de la délégation spéciale du conseil régional de cette région.Après quoi son collègue  de l’Utica s’est inquiété, à son tour, du manque de main-d’œuvre dans le secteur du bâtiment, ce qui explique le marasme dans lequel sont plongés les agriculteurs et les entreprises des travaux publics  où des chantiers fonctionnent en veilleuse, selon le gouverneur de la région.

Autre bémol, ce n’est pas seulement ce manque de main-d’œuvre qui soulève des inquiétudes. La région du Nord-Ouest  souffre également  d’un manque de centres de stockage des céréales , ce qui risque de mettre donc  en péril une partie de la production céréalière de cette année, en dépit des assurances apportées par le gouverneur du Kef  qui a annoncé lors de cette même réunion  du conseil régional que la Société nationale de chemin de fer va mettre à contribution une soixantaine de nouveaux wagons pour  renforcer le potentiel de transport de la collecte vers les grands centres de stockage du pays ce qui permettrait de minimiser les pertes  au cas où éventuellement elles surviendraient.

Toujours est-il cependant que les Unions régionales de l’agriculture et de la pêche du Nord-Ouest ont lancé un appel pressant au gouvernement pour indemniser les agriculteurs  sinistrés lors de la campagne agricole écoulée d’autant plus que des assurances leur ont été données  par le gouvernement relatives à l’activation du Fonds d’indemnisation des calamités naturelles, mais l’argent tarde à arriver à cause, nous dit-on, probablement d’un  manque de liquidité dans les caisses de l’Etat. Cela n’enlève rien à la détermination  de tous les professionnels du  monde agricole à tout mettre en œuvre pour obtenir ces indemnisations auxquelles ils tiennent comme on tient à la prunelle des yeux.

Cela dit, l’on se prépare vite et promptement à cette campagne à tous les niveaux de considération, notamment sur le plan sécuritaire, avec la mobilisation de gros moyens humains et logistiques  et de la protection civile, sans oublier les services  de lutte contre les incendies dans les commissariats régionaux au développement agricole, tout en comptant sur l’auto-sécurisation des professionnels de leurs propres emblavures céréalières dont la moisson a été malheureusement retardée  cette année  d’au moins une semaine, suite aux conditions climatiques  non favorables à la moisson.

Mais mieux vaut tard que jamais, dit le dicton,  qui revient  comme un leitmotiv très prenant, ces jours-ci chez tous les agriculteurs.

Jamel Taibi

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